Avec ce qui reste d’une nature devenue largement artificielle, ils archivent, enquêtent, font de la musique et s’organisent pour sauver ce qui peut l’être.
Un épouvantail a, par nature, tout son temps. Mais que lui arrive-t-il lorsqu’il n’y a plus rien à attendre, lorsque cultures, insectes et oiseaux sont devenus de vagues souvenirs? Il poireaute dans le vent attendant celui qui ne viendra plus. Ceux que met en scène Philippe Quesne se retrouvent dans un espace vierge, clinique et plastique. Même les bottes de paille ont quelque chose de faux, purement décoratives…
Pourtant, tout en constatant cet effondrement, ils ne se laissent pas abattre et cherchent des solutions. Les voilà à collecter ce qui reste de la nature, à recueillir les idées d’une abeille esseulée elle aussi en l’absence de fleurs, à monter une radio pirate pour diffuser des chants d’oiseaux…
Ils s’inquiètent de ce qui disparaît, communiquent avec les autres: ils ont des projets. Ils refusent la fatalité, tout cabossés qu’ils sont, et seront prêts finalement à défendre des formes de vie différentes.
L’univers plastique et musical de Philippe Quesne s’enhardit dans cette production créée au Kammerspiele de Munich: il compose à nouveau une comédie dystopique dépeignant une humanité élargie aux non-humains et qui résiste comme elle peut au désastre écologique. Drôle et optimiste, ou absurde et inquiète selon le point de vue que chacun·e adoptera, ce jeu de masques grotesques invite à imaginer d’autres manières de vivre ensemble.