Les êtres qui hantent L’âge de frémir ne sont pas encore vieux. Et pourtant, le grand âge leur plaît. Prenant à contre-pied les injonctions contemporaines selon lesquelles il faudrait rester jeune, séduire et performer le plus longtemps possible, iels empruntent délibérément les traits de la vieillesse, afin de partir à la découverte de privilège ultime : avoir toute la vie derrière soi.
En représentant sur scène des vieillardexs frémissantexs, Guillaume Béguin fait surgir d’autres présences derrière leurs rides, leurs tremblements, leurs oublis et leurs petites infirmités : fantômes d’êtres aimés et perdus, ancêtres dont les gènes et les affects continuent de nous traverser, autres absentexs réellexs ou imaginaires. L’âge de frémir rend visible et célèbre ces présences que nous n’avons pas (ou plus) l’habitude de voir, mais qui ne cessent de nous accompagner, de nous agir en travaillant nos gènes, nos souvenirs, nos fictions, nos fantasmes.
C’est la quête de cette force, de ce pouvoir inouï, qui est au cœur de la nouvelle pièce impertinente du metteur en scène lausannois : celui de frémir encore et toujours, quel que soit son âge, et que l’on soit, d’ailleurs, mortex ou vivantex !