Avec sa danse et ses battements de pieds, Israel Galván construit puis déconstruit des rythmes effrénés, dans des combinatoires sans cesse renouvelées. Il module des séquences qui tantôt se brisent et tantôt s’enchaînent. Le corps traversé de soubresauts percussifs et d’ondes séductrices, il virevolte autour d’un Niño de Elche hiératique. Chaque silence est aussi significatif que chaque son.
Avec sa palette vocale allant de la douceur au cri, Niño de Elche égrène parcimonieusement son chant sur les cadences de Galván. Entre une prière intime et une litanie, les ritournelles de Niño de Elche sont ponctuées de borborygmes, d’onomatopées, de vocalises inédites, imagées, pouvant évoquer le vol nerveux d’une abeille comme le bruissement d’une forêt. Ses textes elliptiques sont aussi bien piochés dans la poésie contemporaine espagnole que dans le répertoire traditionnel flamenco et adapté par ses soins. Sans partitions, sans dramaturgie, les jumeaux doubles d’un flamenco contemporain réinventé harmonisent en contrepoint, autant en dissonance qu’en friction. Parfois dans une oscillation extatique ils se rejoignent à l’unisson.