Elle incarne et partage avec le public le potentiel contagieux et contestataire du corps dansant.
Dans un contexte d’épidémies et de famines, l’Europe médiévale a connu des flambées de danse irrépressibles: des hommes et des femmes se mettant à danser frénétiquement dans les rues pendant des jours, des semaines, sans pouvoir s’arrêter. Ces « manies dansées » restent encore largement inexpliquées; maladie ou instrument de guérison? Transe incontrôlable ou catharsis collective? Alors que le monde a fait face à une pandémie qui a bouleversé notre rapport à notre propre corps et à celui des autres, Mette Ingvartsen est partie de ce contexte historique pour problématiser la situation actuelle.
L’être dansant librement, exposé aux yeux de tous·tes, est contagieux: son énergie est communicative, son abandon ou sa frénésie attirent. La contagion par imitation a valu à ces flambées la suspicion d’une « maladie » de la danse sans cause précise. Derrière l’image dangereuse du désordre public se cachait pourtant un corps dansant pour se soulager du stress des épidémies, des catastrophes naturelles et de la pauvreté, un corps dansant la dissidence.
Mette Ingvartsen élabore un manifeste de remise en mouvement liant le geste à la parole. Emmenée par des mouvements frénétiques, elle parcourt les époques, interpelle les discours religieux, médicaux ou politiques qui ont cherché à rationaliser cet excès. Passant de la parole scandée au chant de révolte, son corps devient le sismographe d’un présent troublé, transmettant l’urgence d’une impulsion collective et partageant la puissance libératrice de la danse avec les spectateurs·rices.