Autofiction : le Je dans le jeu – Stage animé par Valéria Bertolotto

La FC

« Le mot « autofiction » désigne aujourd’hui un lieu d’incertitude qui est aussi un espace de réflexion ».1

Très débattue et théorisée dans l’espace littéraire contemporain, l’autofiction remet en question la soi-disant « vérité » défendue par l’autobiographie classique. J’y trouve un lien fort avec le jeu et la pratique de l’acteur·ice. En effet, lorsque je joue un texte, ce ne sont pas mes mots, ni mon langage, ni forcément une situation que j’ai vécue, néanmoins c’est quand même de moi qu’il s’agit. De quelle manière je tisse un lien subjectif aux mots, à mes partenaires, de quelle manière je mets mon expérience, mes émotions, ma voix et mon corps au service d’un personnage et d’une situation ?

Néanmoins, ce jeu ne pourrait se faire sans la complicité et le regard de celui ou celle qui regarde. En effet, le·la spectateur·ice sait pertinemment que la personne qu’il voit sur scène n’est pas réellement Hamlet. Il a peut-être même déjà vu d’autres interprètes tenir ce même rôle. Donc quel intérêt a-t-il à voir une nouvelle fois Hamlet ? Précisément parce qu’il s’agit de cet·te acteur·ice-là, avec sa subjectivité, son corps, sa voix, son identité.

Cela pose alors la question de l’identité de celui ou celle qui apparaît sur scène. Qui est ce « Je » qui prends la parole sur le plateau ? Ce n’est ni tout à fait l’acteur·ice, ni tout à fait le personnage, mais quelque chose qui est parfois l’un·e, parfois l’autre et/ou qui se situe entre les deux, à la frontière. Une « identité trouble » 2.

Il s’agira donc d’explorer cet espace/interstice entre l’acteur·ice et le personnage/situation, de le questionner à travers le jeu et la représentation, et d’en dégager les implications tant pour celui ou celle qui est sur scène, que pour celui ou celle qui regarde.

Pour commencer, je proposerai quelques réflexions sur le genre autofictionnel et notamment sur ses aspects stylistiques, avec des exemples tant au théâtre qu’en littérature, illustrées de quelques spectacles et textes, afin d’inscrire ce travail dans un contexte et une réflexion plus large.

Puis, je demanderai à chaque participant·e d’amener un texte, un monologue, issu de la littérature dramatique ou du roman. Nous travaillerons ce texte en explorant les problématiques de l’identité de l’acteur·ice/personnage et la forme (ambiguïté entre fiction et présent de la représentation).
1. Philippe Gasparini, Autofiction ; Une aventure du langage, ed. Seuil, coll. Poétique, 2008.

2. Anne Pellois, Les intermittences du je(u), à propos du TG Stan, in : L’autofiguration dans le théâtre contemporain ; Se dire sur scène, ed. Universitaires de Dijon, coll.

Après des études en Lettres à l’université de Genève, VALERIA BERTOLOTTO obtient le diplôme du Conservatoire de Lausanne (SPAD)en 1998. Elle collabore ensuite en tant que comédienne à de nombreux spectacles, sous la direction notamment de Claude Stratz, Andrea Novicov, Denis Maillefer, Alexandre Doublet, Natacha Koutchoumov, Emilie Charriot, Oscar Gomez Mata et Philippe Saire.
En 2014, elle crée la Cie J14 avec la comédienne Aline Papin et elles co-créent, au terme d’une saison de recherche au TLH à Sierre, la performance Autofèdre, qui sera reprise dans le cadre du festival Extra-Ball au Centre Culturel Suisse de Paris, ainsi qu’à l’Arsenic à Lausanne.
Elle intègre pour la première fois l’ensemble du Poche GVE durant la saison 20-21, et y fait trois nouvelles créations durant la saison 22-23.
De 2013 à 2020, elle intervient régulièrement comme pédagogue à La Manufacture, tant dans la filière théâtre que dans la filièredanse, dans le cadre de jurys ou de stages d’interprétation.


A propos du stage
Prix

CHF 70

Adresse

Lausanne

Date

Du mardi 21 mai 2024 au vendredi 31 mai 2024

Horaires : 10h – 17h (sauf samedi et dimanche)


Contact
Adresse email

contact@lafc.ch

Site internet

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