Quelle est la sensation liée au retour dans le lieu de son enfance ? Quelle est l’oppression que l’on y ressent ? Qu’est-ce qui fait qu’un jour on part loin ? Le fils, Louis, revient dans sa famille pour l’informer de sa mort prochaine. C’est un dimanche, évidemment. Pour dire, seulement dire, « sa mort prochaine et irrémédiable ». Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles. Mais rien n’est aussi simple : il retrouve sa sœur Suzanne, « la petite » devenue adulte, leur mère, et Antoine son frère à présent marié avec Catherine que Louis n’a encore jamais rencontrée. Le retour inespéré du fils aîné réveille de vieux fantômes de famille.
Il y a dans l’écriture de Lagarce un mélange délicat de mélancolie et d’humour qui invite à la distance et permet d’avoir accès à la profondeur du propos sans pesanteur. J’y trouve une délicatesse, une grâce et une élégance qui me font du bien. C’est une langue très contemporaine, belle, intense et accessible à tous. J’aime l’idée que le conflit puisse s’exprimer à travers le langage et lutte ainsi contre l’appauvrissement lexical d’une langue devenue un simple outil de communication. Avec « Juste la fin du monde », la famille, les non-dits, cette mort qui rode, omniprésente sans être nommée, la qualité des échanges, cette recherche de dire le mot juste pour se faire comprendre, sont des sujets qui me touchent profondément. Nathalie Cuenet


