Hommage à Miguel Fernandez-V.

Nous saluons la mémoire du comédien Miguel Fernandez-V., dont le parcours artistique a marqué la scène théâtrale. Son engagement et son talent resteront une source d’inspiration. Toutes nos pensées accompagnent ses proches.

Par ailleurs, son ami Lionel Chiuch lui consacre un très bel hommage, que nous partageons ici :

« On est loin, on se regarde vieillir, on ne voit pas le temps passer.
Ni les gens tomber.
Comme Miguel Fernandez-V.
Voilà qu’il tombe, lui-aussi, comme le rideau qui vient clore le spectacle.
Miguel Fernandez-V.
Ce V., à la fin, qui reste pour moi une énigme, n’était pas le V. de « vaincre », « vitupérer » ou « viriliser ». Plutôt le V. de « vouer », « vivre », « voyager ». D’ailleurs, son théâtre était en cavale, Miguel trimballait ses rêves et ses illusions d’une salle à l’autre, avec pour seul point de chute celui des histoires qu’il partageait si généreusement.
C’était, comme on dit, « un type bien ». Il n’y en a pas tant. Ils sont précieux. La dernière fois que je l’ai vu, nous avons échangé quelques mots au bar du théâtre Pitoëff. Discret comme un fantôme, qui reviendrait sur le lieu de ses plus beaux faits d’arme, il avait gardé dans le regard cette clarté à la fois malicieuse et désabusée. Chez lui, la joie et l’inquiétude s’étreignaient volontiers et c’est ce qui donnait à ses spectacles leur belle densité humaine.
Il était désarmant de gentillesse, Miguel Fernandez-V. Une vraie gentillesse qui n’a rien à voir avec la mièvrerie. Les autres, pour lui, ce n’était pas l’enfer mais au contraire une raison d’être et de dire. Dire l’autre et ce qu’il dit de nous. Nous tous qui n’en finissons pas de tomber, de nous relever, et comme ivres de cette chorégraphie existentielle.
Mais voilà qu’il tombe, Miguel Fernandez-V., et c’est pour de bon.
Voilà qu’il tombe et que disparait avec lui une part de ce théâtre généreux, chaleureux, soucieux d’altérité, qui joue mais ne se la joue pas. Un théâtre qui refuse l’esbroufe, qui aime les mots et ne s’empêtre pas dans les egos. Un théâtre en cavale, oui, pas en cabale.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ce n’était pas mieux avant, non. Mais c’était quand même mieux quand Miguel Fernandez-V était vivant. En pensée avec ses proches. »