Jean Liermier, rencontre entre quatre yeux et deux casquettes

Dans le brouhaha d’un wagon saturé d’effluves douteux, je regarde distraitement s’écouler le fil d’actualité d’un réseau social. Une enfant-zombie marche sur les ruines d’une ville en appelant sa mère / une fashionista bas de gamme se tartine de gelée anti-rides en gros plan / un chat japonais fait de la balançoire ; ce zapping arbitraire entrechoque tragique, superficiel et absurde, déversant avec l’obscénité d’un étron médiatique les miasmes hétéroclites d’un monde en décomposition. Scroller sur l’actu, un infime mouvement de pouce sans conséquence sur un écran sans relief, qui déclenche pourtant en moi un tsunami de lassitude.

Dans ce maelström, surgit soudain un sourire providentiel qui m’extrait de ma torpeur, me ramenant ici et maintenant. Le 1er octobre dernier, Jean Liermier annonçait son départ du Théâtre de Carouge. Le Temps, La Tribune de Genève, la Radio Suisse Romande lâchent la nouvelle les uns après les autres. Un léger vertige me gagne, comme si certaines personnes endossaient tacitement le rôle de piliers et lorsqu’ils bougent, ce sont toutes les fondations qui tremblent. Le départ de Jean Liermier de Carouge laisse incrédule. Il en a pris la direction il y a 18 ans. 18 ans… vraiment ? La maison a atteint l’âge de la majorité et doit poursuivre sa croissance accompagnée par un autre capitaine, estime-t-il.

Le futur ex-Directeur de ce haut-lieu de création accepte de répondre à une volée de questions, qui vont et viennent entre ses deux casquettes de Metteur en scène et de Directeur d’institution.

 Article signé Laure Hirsig